Frontispice du Léviathan de Thomas Hobbes (1651).

  • La cité aristotélicienne comme organisme : La Politique d’Aristote

La cité, en grec polis, doit par exemple, chez Aristote, n'être ni trop grande, ni trop petite, avoir un port de mer pour disposer d'une autonomie, être agencée comme une totalité équilibrée. Dans la La Politique, au livre V chapitre V, en 1325d, i suggère qu'elle doit s’inspirer de l'harmonie qui règne dans l'univers. Comme le navire imite le poisson, comme l'écriture imite la parole vive, la cité, pour être adéquatement agencée, doit être dotée de lois qui imitent la cohésion de corps du monde et de l'âme du monde. Le législateur doit donc s'inspirer de l'organicité cosmique façonnée par le démiurge :

La loi est, en effet, un certain ordre, et la bonne législation est nécessairement un bon ordre ; or une population qui atteint un chiffre trop élevé ne peut pas se prêter à un ordre ; y introduire de l'ordre serait dès lors un travail relevant de la puissance divine, celle-là même qui assure la cohésion des diverses parties de notre univers.

Il agit donc bien pour l'animal de devenir membre du corps qu'est la cité, comme cel est manifesté dans le chapitre il du livre I de La Politique en 1253a :

Si l’individu pris isolément est incapable de se suffire à lui-même, il sera par rapport à la cité, comme dans nos autres exemples, les parties sont par rapport au tout. Mais l’homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie d'une cité, et par conséquent, est une brute ou un dieu.

  • II. La puissance du tyran présentée comme composé des corps de ses sujets : Étienne de La Boétie De la servitude volontaire (1574-1576)

Ce texte consiste en un court réquisitoire contre la tyrannie qui étonne par son érudition et par sa profondeur, alors qu'il a été rédigé par un jeune homme. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaie d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport « domination-servitude »).

Pauvres et misérables peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien, vous vous laissez emporter devant vous le plus beau et le plus clair de votre revenu, piller vos champs, voler vos maisons et les dépouiller des meubles anciens et paternels ! Vous vivez de sorte que vous ne vous pouvez vanter que rien soit à vous ; et semblerait que meshui ce vous serait grand heur de tenir à ferme vos biens, vos familles et vos vies ; et tout ce dégât, ce malheur, cette ruine, vous vient, non pas des ennemis, mais certes oui bien de l’ennemi, et de celui que vous faites si grand qu’il est, pour lequel vous allez si courageusement à la guerre, pour la grandeur duquel vous ne refusez point de présenter à la mort vos personnes. Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, si vous ne les lui baillez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il, s’ils ne sont des vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous ? Comment vous oserait-il courir sus, s’il n’avait intelligence avec vous ? Que vous pourrait-il faire, si vous n’étiez recéleurs du larron qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes ? Vous semez vos fruits, afin qu’il en fasse le dégât ; vous meublez et remplissez vos maisons, afin de fournir à ses pilleries ; vous nourrissez vos filles, afin qu’il ait de quoi soûler sa luxure ; vous nourrissez vos enfants, afin que, pour le mieux qu’il leur saurait faire, il les mène en ses guerres, qu’il les conduise à la boucherie, qu’il les fasse les ministres de ses convoitises, et les exécuteurs de ses vengeances ; vous rompez à la peine vos personnes, afin qu’il se puisse mignarder en ses délices et se vautrer dans les sales et vilains plaisirs ; vous vous affaiblissez, afin de le rendre plus fort et roide à vous tenir plus courte la bride ; et de tant d’indignités, que les bêtes mêmes ou ne les sentiraient point, ou ne l’endureraient point, vous pouvez vous en délivrer, si vous l’essayez, non pas de vous en délivrer, mais seulement de le vouloir faire. Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre.


  • III. Le corps comme instrument politique

En 1967, lors d'une manifestation à Washington contre l'intervention américaine au Vietnam, une jeune manifestante s'approche de soldats équipés de fusils à baïonnette. Son arme à elle est une fleur – une arme inoffensive, qui va pourtant se voir charger d'une puissance planétaire grâce au cliché pris par Marc Riboud.


Le poing levé du « Black Power » aux Jeux olympiques d'été de 1968 est un acte de contestation politique mené par les athlètes afro-américains Tommie Smith et John Carlos lors de la cérémonie de remise des médailles du 200 mètres, le 16 octobre 1968, aux Jeux olympiques d'été de 1968 au stade olympique universitaire de Mexico.

Athlètes 1968


Samedi 23 Avril 2022, des activistes FEMEN, ont verse du sang sur le pont Alexandre III devant les invalides a Paris en soutien au peuple Ukrainien et contre Poutine. Sous les slogans « Putin, War criminal » et « Poutine finance la guerre », « Poutine finance Le Pen ». Paris, France.


  • IV. Le corps allié ou ennemi politique

Débat Mitterrand Seguin


Débat Kennedy Nixon