• La naissance

L’Annonciation de Fra Angelico (1426)

L’Origine du monde de Gustave Courbet (1866)

Le Nouveau-né (Nativité) de Georges de La Tour (1648).

Le Bœuf écorché de Chaïm Soutine (1925)


  • Le corps mort dans l’art

Louvre : Bœuf écorché


Bernt Notke, Danse macabre, 1460, canvas, 157 x 750 cm, Tallinn, église Saint Nicolas, extrait.

Motif artistique très populaire au Moyen Âge, la danse macabre tire très certainement son origine de celle exécutée en 1424, au cimetière des Innocents de Paris. La toute première réalisée en France selon les historiens. Aujourd’hui disparue, elle reste célèbre grâce aux gravures publiées. Cette danse était peinte sur l’un des murs du cloître du cimetière, le plus important charnier de la ville à cette époque. L’artiste demeure inconnu mais a fait preuve d’une imagination débordante. Omniprésente, la Mort y était représentée de nombreuses fois sous des postures très différentes : nue, drapée d’un linceul, avec une faux ou bien une lance. Dans d’autres représentations plus tardives, elle est parfois représentée avec un instrument de musique pour évoquer le côté séducteur, hypnotisant, enchanteur de la grande faucheuse. La danse macabre représente l’universalité de la mort qui touche tous les hommes, quel que soit leur statut social. C’est une manière de mettre en évidence la vanité des acquisitions terrestres.



Le Transi de René de Chalon dans l’église de saint-Etienne de Bar-le-Duc.

La littérature et l’art baroque (fin XVIe - début XVIIe siècle) insiste sur la déchéance physique du corps, comme on peut le voir dans Le Transi.


La Leçon d’anatomie du docteur Tulp, de Rembrandt (1632).

La guilde des chirurgiens d’Amsterdam est fondée en 1552 et la dissection des cadavres mâles est autorisée en 1555. Ce tableau est une commande : Rembrandt dramatise la scène en y ajoutant du mouvement, ce qui est nouveau dans ce type de tableau de groupe.

Vanité avec une couronne royale et le portrait de Charles Ier d’Angleterre de Vincent Laurensz Van der Vinne (1640).

La vanité est une nature morte qui propose une réflexion sur le temps qui passe : toute richesse ou connaissance acquise dure la vie est vaine car la mort détruira tout (« Vanité des vanités, tout est vanité » nous dit l’Ecclésiaste).

  • Le corps mort et le corps souffrant dans la littérature

 « La Ballade des pendus » de François Villon (XVe siècle)

Le texte de François Villon met aussi l’accent sur la décomposition du corps des pendus dans un but pathétique.

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a bués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre
. Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !


Madame Bovary de Gustave Flaubert (1857)

Lisez aussi, la mort d’Emma dans Madame Bovary de Gustave Flaubert (1857) : le corps souffrant est montré de façon très saisissante.

Gallica la mort d’Emma


 « Une Charogne » de Charles Baudelaire (Les Fleurs du mal 1957)

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

Nana d’Émile Zola (1880)

Le texte d’Émile Zola met aussi en évidence le cadavre de l’héroïne, de manière très crue.


Réparer les vivants de Maylis de Kerangal (2014)

Le roman de Maylis de Kerangal met en exergue le corps mort qui permet une nouvelle vie grâce au don d’organes. Le roman a été porté à l’écran en 2016 par Katell Quillévéré .


  • Le corps mort dans les essais

Le corps Cairn


La personne, le corps, la mort


  • Droit et science face au corps mort

Intangibilité du corps mort